Liège (Belgique). Opéra Royal de Wallonie. Vendredi 17 juin 2016
Giacomo Puccini (1858-1924), La bohème. Patrizia Ciofi (Mimi), Gianluca Terranova (Rodolfo). Photo : (c) Lorraine Wauters/Opéra Royal de Wallonie
Dans une mise en scène venue d’un autre âge, Patrizia Ciofi campe une Mimi solaire dans la lignée d’une Mirella Freni.
Giacomo Puccini (1858-1924), La bohème. Patrizia Ciofi (Mimi), Alessandro Spina (Colline), Ionut Pascu, (Marcello), Gianluca Terranova (Rodolfo), Laurant Kubla (Schaunard). Photo : (c) Lorraine Wauters/Opéra Royal de Wallonie
La bohème de Giacomo Puccini, avec ses mélodies qui font mouche et son orchestration rutilante, est l’un des ouvrages les plus populaires du répertoire. De fait, son action concise, tranchée, ses élans au romantisme exacerbé assemblant tous les sentiments humains, de l’amour à la mort en passant par l’amitié et la solidarité, avec pour cadre le Paris bohème du tournant des XIXe et XXe siècles, ses personnages colorés, son univers contrasté, ses airs admirablement ficelés et son orchestre somptueux font de cet ouvrage l’un des grands chefs-d’œuvre du répertoire lyrique.
Giacomo Puccini (1858-1924), La bohème. Le café Momus. Photo : (c) Lorraine Wauters/Opéra Royal de Wallonie
Ce cadre a priori contraint dans une époque et un lieu particulièrement marqué (le Paris des années 1880-1900), est aussi de tous les temps et, de ce fait, est facilement transposable à l’époque contemporaine. Pourtant, Stefano Mazzonis di Pralafera, directeur de l’Opéra de Liège, a opté pour la tradition en remontant aux pires années du XXe siècle, avec des décors de toiles peintes et un praticable tristement éclairés d’une lumière monochrome à dominante de gris, et des costumes d’un autre âge, tandis que les jeux de scène sont réduits aux acquêts, tandis que les machinistes ont connu les pires difficultés pour transformer à vue celui du premier au deuxième acte.
Giacomo Puccini (1858-1924), La bohème. La Barrière d'Enfer. Cinzia Forte (Musetta), Patrizia Ciofi (Mimi). Photo : (c) Lorraine Wauters/Opéra Royal de Wallonie
Mimi intense et bouleversante, Patrizia Ciofi, qui effectuait sa prise de rôle, met au premier plan une italianitasuperlative, donnant à son personnage une intensité et une évidence confondantes. Voix limpide et luxuriante, timbre flamboyant, vocalité d’une tenue exemplaire, féminité éblouissante de simplicité, la soprano colorature italienne s’impose dès sa première réplique, son incarnation allant crescendo, dès sa première aria, Mi chiamano Mimi.
Giacomo Puccini (1858-1924), La bohème. Patrizia Ciofi (Mimi). Photo : (c) Lorraine Wauters/Opéra Royal de Wallonie
Rodolfo impressionnant et ardent, le vaillant ténor romain Gianluca Terranova tient son rôle sans défaillance jusqu’au terme de l’ouvrage, d’une voix solide, claire, au timbre radieux au service d’une ligne de chant irréprochable au riche nuancier qui xonquiert dès son air d’introduction, Nei cieli bigi. La mezzo-soprano italienne Cinzia Forte est une Musetta un rien criarde mais avec l’abattage et à la sensibilité idoines. Le baryton roumain Ionut Pascu est un Marcello flamboyant et généreux, ainsi que ses comparses Alessandro Spina (le philosophe Colline) et Laurent Kubla (le musicien Schaunard). Entendu à Genève fin 2013 dans le Comte Ory de Rossini, Paolo Arrivabeni s’avère à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Liège plus en phase avec la partition de Puccini, donnant une lecture énergique tout en ne couvrant jamais les chanteurs.
Bruno Serrou
Cette production de la Bohème est retransmise en direct sur culturebox.francetvinfo.fr le 23/06 à 20h
Article adapté de celui paru sous ma signature dans le quotidien La Croixdaté mardi 21 juin 2016